Quoi de plus naturel pour un enfant d'apprendre à faire du vélo. Parce qu'apprendre à pédaler c'est déjà le premier pas vers l'indépendance. Dans mes souvenirs d'enfance, je revois encore les petites roulettes, mon père qui les enlève et qui me pousse pour qu'enfin je m'élance, les nombreuses gamelles, mais aussi cet incroyable sentiment de liberté.
Seulement Je suis née en France et ce sentiment très naturel s'effrite alors que je me retrouve devant "Wadjda", premier film réalisé en Arabie Saoudite, étant donné que tous les cinémas ont étés fermés en 1980 par le gouvernement du royaume wahhabite. Ce film bouleversant, a de plus été réalisé par une femme, la réalisatrice
Haifaa Al Mansour ... Qu'en aurait-il été si j'étais née là-bas?
Là bas, les femmes ont juste le droit de respecter les règles qui leur sont imposées par la religion et par les hommes. L'école, qui de notre point de vue, est davantage gérée comme une prison, éduque les fillettes à peu à peu, endosser les règles qui les privent de leur liberté.
Au travers du regard de Wadjda, écolière de 10 ans qui rêve d'acheter son propre vélo, on se mèle au coeur de ces hommes et de ces femmes, pour qui les traditions et "l'honneur" légitiment les pires discriminations.
Naître femme est presque une honte à en voir l'arbre généalogique du père de Wadjda qui ne retient que les noms des hommes. Les bicyclettes, sont réservées aux garçons parce que ces engins seraient soit disant des voleurs de vertu.
Ce regard de fillette, intrépide, innocent, rempli de fraîcheur et de détermination m'a touchée au plus profond. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la réalisatrice qui est elle même un peu comme Wadjda, dans le désir d'un jour nouveau, dans le désir de changer les choses, pour qu'enfin toutes les petites filles puissent s'envoler, au guidon de leur vélo.