Comment rester soi quand on est en couple ?
Comment poser ses limites sans être tyrannique ? Comment exprimer ses besoins ou suivre ses désirs sans trahir l'autre ou être égoïste ?
Comment se respecter et se montrer de l'affection quand on ne se supporte plus ?
Le couple peut être une autoroute sécurisante qui nous apporte tout ce dont on a besoin.
Ce que l'on néglige parfois c'est que sur cette autoroute on oublie parfois qui on est. La recherche de l'équilibre ne peut se faire que lorsque chacun affirme sa personnalité...Et c'est à dire parfois être dans le déséquilibre !
La grande force de Marriage story c'est d'arriver à nous faire nous
poser ces questions...qui sont loin d'être des questions de rupture
mais des questions qu'il est utile de se poser tout le long du chemin.
Nicole (Scarlett Johansson) et Charlie (Adam Driver) avaient tout pour être heureux, lui metteur en scène à succès, elle actrice et muse... Parents d'un petit Henry dont ils sont tous les deux dingues... Et pourtant le couple est mort... On est ici dans une autopsie et non pas dans le jugement ou le comptage de points...
Que s'est-il passé ?
Elle n'a pas su affirmer ce qui était important pour elle, il a minimisé ses désirs, ils se sont fondus l'un dans l'autre en se servant de l'autre comme d'une béquille, il s'est investi à fond dans le travail sans prendre en compte les répercussions sur son couple et sa vie de famille.
Le tout amenant le couple à une agonie lente et irréversible.
Ce qui est magnifique dans Marriage story c'est la palette des émotions qui nous est présentée avec des acteurs qui arrivent à nous en montrer toutes les facettes, des larmes au rire, de la colère au pardon, de la haine à la bienveillance, du dégout à l'amour...
La bataille juridique aussi est présentée de façon réaliste avec une montée crescendo. Au fur et à mesure de l'avancée des négociations les coups se font de plus en plus bas et on peut voir les jeux féminins et masculins qui se dessinent.
Scarlett Johansson étincelle de simplicité et de justesse
On avait l'habitude de la voir en sex-symbol, elle est ici forte et fragile, presque sans maquillage...
Adam Driver convainc avec force, humour et une immense intensité physique et émotionnelle ...
Il arrive à exprimer énormément d'émotions avec peu de gestes à l'image de la scène d'halloween, dans laquelle, déguisé en homme invisible il donne tout en quelques secondes pour émerveiller son fils à la porte... Ou la scène magique et comique dans laquelle il fait semblant de se taillader avec un canif et le fait réellement... devant l'assistante sociale médusée...
Un film empreint de touches poétiques...
Une chanson touchante sur l'amour perdu chantée par Charlie dans un bar...
Le thème de l'homme invisible qui est récurrent dans le film, après Halloween, l'année suivante Charlie se retrouve déguisé malgré lui en fantôme... comme une allégorie de présence invisible dans la vie de l'autre...
Finalement, l'amour n'est jamais vraiment mort, il prend simplement d'autres formes, un câlin après une dispute, une coupe de cheveux ou un lacet noué sont tout autant de preuves que le respect, la douceur, la gentillesse et la bienveillance ont toute leur place malgré la fin du couple.
Et c'est aussi dans la relation à l'autre que l'on apprend à guérir de nos blessures et à grandir.